Le sport et le monde associatif au Féminin
À Issy-les-Moulineaux, les sportives peuvent réussir. D’une part, les pratiquantes – toutes disciplines confondues – sont plus nombreuses que les hommes. D’autre part, les équipes phares sont féminines. Sur 50 clubs sportifs, 16 sont présidés par des femmes. À l’occasion de la journée internationale des droits de femmes, Point d’Appui est allé à la rencontre de trois d’entre elles, à la tête des clubs de football, d’handball et de tir à l’arc, à découvrir ici :
Point d’Appui : Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre parcours en tant que femme ?
Christine Aubère, Présidente de GPSO 92 Issy [Football] : J’ai toujours eu à faire mes preuves ! Il y a eu aussi des comportements ou des personnes avec un fonctionnement très patriarcal associé à des propos où la femme est considérée comme rivale et non comme égale. Ce qui induit des paroles pour la remettre, « à sa place ».
Les femmes souvent s’investissent au service de l’intérêt général alors que l’homme rattache d’abord son investissement au pouvoir. La femme a toute sa place : il ne faut pas qu’elle soit une caution politique mais une volonté.
Maria Hug, Présidente de Paris 92 [Handball] : Lorsque j’ai décidé de poser ma candidature pour être présidente de l’association – dont j’étais déjà membre du conseil d’administration -, de réelles difficultés sont apparues et je me suis heurtée à un milieu d’hommes.Un autre membre du club qui s’avère être un homme a lui aussi candidaté pour ce poste. C’est à ce moment-là que l’on m’a fait comprendre qu’en tant que femme je ne serais pas capable d’assurer ce rôle et que je ne conviendrais pas. Un homme représenterait mieux l’association… J’ai même été menacée par mail.
Constance Terrier, Présidente de l’Arc Club ISSY [Tir à l’arc] : Je dois dire qu’au tir à l’arc, même si 75 % des licenciés sont des hommes, le milieu est particulièrement respectueux. Quand on est une femme, c’est même encore mieux reconnu. Alors je ne peux pas me plaindre !
P. d’A. : Les femmes continuent de se heurter au fameux « plafond de verre » lorsqu’il s’agit d’accéder à des postes de direction dans les institutions et structures sportives. Quels sont les points de blocage selon vous ?
C. A. : Tout d’abord, nous sommes dans un pays latin. C’est culturel. Les stéréotypes restent le principal frein à l’amélioration de la place des femmes au sein des institutions sportives. Beaucoup d’hommes ne supportent pas qu’une femme puisse être aussi performante qu’eux. Pourtant une femme peut être tout autant voire plus compétente qu’un homme, comme par exemple l’arbitre Stéphanie Frappart. La féminisation des sphères de pouvoir doit être l’avenir et ce sont nos enfants qui amèneront ce changement vers l’ouverture !
M. H. : Nous restons figés dans l’histoire du sport qui était essentiellement représenté par des hommes. Le monde sportif a évolué mais pas aussi rapidement que qu’il le faudrait.
P. d’A. : Parlez-nous de vos missions.
C. A. : Je dirige un club de football féminin qui compte 230 licenciées de 5 ans jusqu’aux séniors sans limites d’âge avec la philosophie du « Football pour toutes ». J’ai été joueuse, dirigeante, administratrice. Actuellement Je suis également éducatrice de l’école de football.
M. H. : Je représente l’association dans tous les actes de la vie civile, notamment dans les relations avec les administrations.Je recherche des financements, je gère l’organisation avec la coordinatrice technique des rencontres sportives. J’assure la tenue des différentes réunions et je co-anime un atelier « éveil hand ».
C.T. : J’ai été trésorière pendant 9 ans de l’association. Ce qui m’a donné une vision à 360° de ce qu’il se passe en étant au courant de toutes nos actions. C’est cette première approche qui m’a donné envie de m’impliquer totalement. Aujourd’hui la situation est difficile, parce que le quotidien consiste à fermer ou ouvrir l’activité, à tout le moins la réduire.
P. d’A. : L’accomplissement dont vous êtes la plus fière ?
C. A. : Ma fierté fut d’avoir toujours réussi à conserver ma liberté, ce qui m’a permis de mettre en place autant d’actions, d’associations qui existent toujours. Voir une femme qui avait toujours rêvé de jouer au football mais qui ne pouvait pas car les parents ne le voulaient pas ou que sa culture ne le permettait pas… me rend, oui, assez fière.
M. H. : Maintenant, nous comptons plus de femmes au sein du conseil d’administration ou chez les entraîneurs. Ma plus grande fierté, c’est d’avoir tenu tête à certains hommes qui mettaient en doute mes capacités, tout en gardant mes valeurs humaines et sportives.
C. T. : De faire cohabiter sur les installations des pratiquants dans toutes leurs différences : de 8 ans à plus de 80 ans, hommes et femmes, débutants, valides, handicapés… Je suis fière – et ça n’est pas mon accomplissement – que le club organise chaque année une compétition exclusivement réservée aux femmes, 250 participantes qui viennent de toute la France et des alentours. Les bénéfices vont à la lutte contre le cancer du sein.
P. d’A. : Quel message aimeriez-vous adresser aux autres femmes ?
C. A. : Ne rien lâcher ! sans tomber dans les travers de ce que le masculin a de plus archaïque comme par exemple écraser pour exister. Bien s’entourer. Nous sommes toutes et tous complémentaires. Je leur conseillerai de continuer à œuvrer de façon très volontaire pour tendre à une égalité dénuée de tout sentiment de domination sur l’autre : selon moi la compétence ne se passe pas là !
M. H. : Ne jamais douter de ses capacités et ne pas reculer devant l’adversité.Être fière d’être une femme.
C.T. : Acquérir de la liberté pour pratiquer des activités physiques, sportives, en dehors du cadre de la famille. L’engagement du corps, la réalisation sociale et l’épanouissement personnel que permettent ces pratiques ont un impact bénéfique immense sur la vie personnelle et professionnelle d’une femme.
Source : https://www.issy.com/actualites/issytv-portraits-de-femmes-isseennes-et-sportives